Eddy était en sueur, haletant, planqué derrière un petit bloc de béton. Les balles des forces de l'ordre ricochaient sur son abris et projetaient des débris et de la poussière un peu partout autour de lui. Il était recouvert de sang. La victime qu'il venait de trucider avait souffert et s'était un peu répandue sur lui. Le problème c'était ces gens qui passaient par là à ce moment et qui avaient appelé les autorités. Désormais il était prit au piège comme un vulgaire renard que l'on enfume dans son terrier. Mais cela ne semblait pas le contrarier plus que ça. Au contraire, le grand sourire qu'il affichait sur son visage à chaque fois qu'il répliquait avec son fusil de chasse sur ses assaillants montrait qu'il prenait du plaisir dans cette confrontation avec ses adversaires.
La fusillade durait déjà depuis plusieurs minutes lorsqu'une balle de 9mm traversa son épaule de part en part, suivie de deux autres en pleine poitrine. Il posa, surprit, sa main gauche sur ses cotes, à l'endroit ou un large filet de sang s'écoulait de la plaie béante puis, lorsqu'il comprit qu'il était foutu, une douleur fulgurante lui foudroya le crane, résultat d'un autre projectile pénétrant dans son cerveau.
" PUTAAAIN !!! "
Eddy venait de se réveiller en sursaut, dégoulinant de sueur et sentant le fauve à plein nez. Le rêve qu'il venait de faire était d'un réalisme fou et il respirait encore avec difficulté. Puis il se calma et se leva pour aller directement se passer la tête sous l'eau froide. Ce cauchemar avait été merdique mais en même temps très excitant. En repensant aux détails de cette épopée onirique il avait un petit sourire en coin...
Il était dix heures du matin lorsque Eddy Ochagan descendit à la cuisine pour se préparer son café. Au bout de quelques minutes, il était assit à sa table de cuisine, absorbant avec précaution sa caféine bouillante, cherchant les mots à découvrir dans les mots croisés de son journal tandis que la petite télévision perchée tout en haut du réfrigérateur émettait un bruit de fond sur la chaine d'informations en continue. Il l'avait mise au cas ou l'on parlait de ses derniers exploits. Il était à la moitié de son café lorsque la présentatrice du JT prit un ton des plus sérieux.
" Revenons à présent sur l'information principale de la journée. La police de Woodbury Hills est désormais formelle : Un tueur en série sévit dans notre petite ville... "
En entendant cela pendant qu'il était en train de boire dans sa tasse, Eddy manqua de s'étouffer et tout le café qu'il avait à ce moment là dans sa bouche se répandit sur la table après être passé par son nez. Il se précipita à l'évier, attrapa une serviette pas vraiment très propre et s'essuya la bouche et le nez tandis qu'avec sa télécommande il augmentait le son du téléviseur.
" Revoyons ensemble la conférence de presse donnée par Mirage de Fuentes, spécialiste travaillant pour la police de Woodbury. "
De prime abord, Eddy trouva que la criminaliste était d'une beauté à couper le souffle mais il ne s'attarda pas non plus énormément sur le sujet. Ce qui l’intéressait lui, c'était d'entendre ce qu'elle avait dit la veille à la presse. Puis, lorsqu'elle eut fini de parler il se rendit compte que, même si les autorités n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent, ils étaient vraiment très perspicaces. Il allait devoir redoubler de vigilance à l'avenir.
Lorsque la rediffusion de la conférence de presse fut finie, Eddy se resservit un café sans détourner les yeux de la boite à images. Il était captivé par ce qu'il entendait. La caméra recadra en gros plan sur le visage de la présentatrice qui parlait de cette menace sans trop savoir quoi dire. Eddy termina son breuvage d'une traite, mit sa tasse dans l'évier de sa cuisine, éteignit sa télévision et retroussa ses manches.
" Bon ! J'ai pas mal de travail finalement ! Je suis une petite célébrité anonyme, allons remédier à ce problème ! "
Le psychopathe se trouvait à présent dans sa petite dépendance aménagée. Il se grattait le crane tout en réfléchissant. Il s'était aménagé un petit espace de vie au fond de la bâtisse et à présent, il était tout disposé à travailler dans sa maison pour la piéger au mieux. Eddy n'était pas né de la dernière pluie et savait qu'au bout d'un moment il se ferait avoir. Il était loin d'être bête mais ceux qui le traquait à présent devaient être beaucoup plus intelligents en plus de posséder des moyens technologiques avancés pour l'identifier...
Fin de journée. Eddy était complètement crevé. Il avait travaillé non stop toute la journée dans sa maison et sa dépendance. Pour ça, la retraite avait du bon ! Il n'avait prit le temps dans l'après midi que pour ingurgiter un sandwich au beurre de cacahuètes et boire un café. Désormais, sa maison était totalement piégée. La porte d'entrée principale de la maison était reliée à un système de contre balancier lui même relié à une lourde planche hérissée de clous de palette. La personne entrant par la grande porte n'aurait pas d'autre choix que de passer de vie à trépas dans d'affreuses souffrances. Les trois seules fenêtres de la devanture de la maison étaient toutes les trois piégées par un système ingénieux de câbles fixés à un fusil de chasse scotché sur une chaise en bois elle même fixée au sol par de grandes vis fichées directement dans le plancher de bois. La seule entrée de devant ou Eddy pouvait passer était l'entrée donnant sur la cave. Elle était elle aussi trafiquée mais de manière à permettre à quelqu'un connaissant le piège s'y trouvant de passer tranquille. Au niveau de la dernière marche des escaliers était tendu un fil de pêche presque invisible. Celui ci permettait d'activer des explosifs fabriqués maison planqués dans les recoins sombres des marches. La dépendance avait été piégée de la même façon. Dans la chambre qu'il avait occupé jusqu'à ce matin, il avait empilé une demie douzaine de bouteilles de gaz. Il comptait se dégoter une grenade d'ici quelque temps pour en faire un autre " système de protection ". D'autres petits pièges étaient disséminés à travers la maison mais ceux là étaient juste destinés à blesser la personne visitant l'antre du tueur.
Une fois tout cela fait, le soir était tombé sur la ville et Eddy se sentait fatigué. Il rejoignit donc son petit nid qu'il s’était fabriqué dans sa dépendance, nouvel enfer pour certains malchanceux, se posa sur le lit de camps qu'il avait installé et alluma le chauffage d'appoint avant de s'allonger, un sourire carnassier lui barrant le visage. Il savait déjà comment il allait tuer. Il n'allait rien faire chez lui cette fois ci. Il avait un bon petit plan et se mettrait au travail le lendemain...
" Héhéhé ! Ces journalistes de mes deux auront de quoi parler dans deux jours ! "