Le bon samaritain de service vous le connaissez ? Laissez moi vous expliquer comment Isaac Anderson a l'art et la manière de se mettre dans de beaux draps. Au volant, il avait quitté la circulation de la ville afin de profiter de la tranquillité de Black Mountain. Autant savourer ce magnifique début de journée dans de bonnes conditions. Le soleil caresse les montagnes à l'horizon, l'air est tiède et il est bon de rouler les vitres ouvertes. Isaac profite de l'instant, respirant profondément comme s'il désirait emporter ce bien-être naturel avec lui. Les idées ailleurs, le décor défile sous ses yeux alors que l'air s'engouffre dans l’habitacle de sa Chevrolet. Finalement et alors qu'il s'apprête à dépasser une jeune femme qui semble faire son footing. Cette dernière s'agite, interrompant la quiétude de l'afro-américain. Elle lève les bras d'un coup sec, Isaac freine donc instinctivement et s'arrête un peu plus loin. L'inconnue rattrape son retard, encore agitée, elle est essoufflée et visiblement angoissée. Le fils Anderson baisse alors sa vitre avant de se pencher sur le fauteuil passager. La jeune femme, une blonde d'une trentaine d'années, arrive enfin au niveau de sa voiture.  

" S'il vous plait, s'il vous plait ! " Argue-t-elle de manière rapide et vive.

Le regard d'Isaac se fronce, démontrant sa concentration sur la scène qui se déroule sous ses yeux. L'inconnue aux cheveux ocrés reprend la parole tout en montrant l'épaisse forêt des mains.

" Monsieur, Dieu merci, aucune voiture depuis dix minutes ! Mon chien,Lucky, un petit Jack Russel a entendu du bruit dans la montagne et il m'a échappé. " Explique-t-elle les larmes aux yeux tout en respirant difficilement.

" Vous voulez pas m'aider ? Il doit pas être loin mais je l'entends pleurer et je n'ose pas y aller toute seule. " Demande-t-elle visiblement triste et paniquée.

" Bon attendez, j'me gare. " Ajoute Isaac en faisant demi-tour sur la route pour se garer un petit peu plus loin, près d'une berline Allemande, elle-aussi stationnée.

L'afro-américain ferme consciencieusement sa voiture et quitte ce petit parking de fortune pour rejoindre la blonde.

" Bon et bien allons chercher Lucky, c'est par là ? " Demande-t-il en montant l'entrée de la forêt et les broussailles qui vont avec.

" Oui, oui. " Reprend la jeune femme qui prend les devant en s'engageant la première. " Ah je vous remercie, vraiment. "

Et voilà qu'on s'enfonce dans Black Mountain...

Lucky, fichu chien mais où te caches tu ?! Isaac avait certes énormément de patience mais il ne fallait pas pousser non plus. En effet, voilà plus de vingts minutes qu'on cherchait le petit Jack Russel de la jeune sportive rencontrée plus tôt. Cette dernière répondait d'ailleurs au doux prénom de Melody. Que voulez-vous en vingt minutes, on a un minimum le temps de discuter et Isaac avait mit ce temps à profit. Autant en apprendre un peu sur cette femme blonde avec qui il est entrain de se perdre dans la foret, vous ne trouvez pas ? L’afro-américain marche et marche encore, s'avançant vers les cris du petit chien. Cependant au sujet de ce fameux petit chien, il hurle bien plus qu'on ne le voit. Rien n'a faire et pourtant on a l'impression de s'en approcher à chaque fois un peu plus. Alors qu'il cherche dans les fourrées, Isaac a largement le temps de faire des remarques sur le lieu dans lequel il se trouve. Il faut bien le dire, Black Mountain porte bien son nom car malgré le gros soleil qui règne dans le ciel aujourd'hui même, plus on s’engouffre dans cette forêt, plus il fait sombre. Bref, on y voit que dalle et Lucky ne nous porte pas chance pour un sou. Ce fichu chien hurle presque à la mort et il est impossible de mettre la main, ou même le pied d'ailleurs, sur l'animal en question. Isaac serait à deux doigts de s'impatienter quand soudain une drôle d'odeur se saisit de son nez. Lucky a-t-il explosé ? Interloqué, il marque un moment d'arrêt et se retourne vers Melody. Cette dernière continue d'appeler son chien et elle fouine entre deux fougères foncées.

Le bel afro-américain s'approche alors de la jeune femme, il fait quelques pas en arrière et retrouve la compagnie de Melody. Aussitôt, il lui confie quelques mots : " Tu trouves pas que ça sent le brûlé ? " Demande-t-il en regardant autour de lui.

Les deux jeunes gens tournent sur eux-même, se confrontent au décor. On en oublie les petits cris de Lucky qui sort maintenant en galopant d'un buisson épineux, il vient se blottir entre les jambes de sa maitresse qui tapote maintenant sur le bras gauche d'Isaac. Le fils Anderson se concentre alors sur la jeune femme, il en oublie le Lucky épineux.

" Qu'est ce qui se passe ? " Rétorque-t-il en attrapant naturellement le bout des doigts de la jolie blonde. Cette dernière lui indique alors le ciel et entre deux épaisses branches, Isaac aperçoit une fumée noirâtre qui colore maintenant l'azur.

" Ouh putain ! " Lâche l'afro-américain dans un soupire.

Avant de quitter la maison, j'embrasse ma blonde et attrape mon cuir qui pend dans l'entrée. Je part tôt ce matin car j'ai des pièces à aller chercher dans une casse pour la Mustang d'un client mais aussi pour la Chevelle de Jenn. Je grimpe à bord du truck de l'atelier et prends la direction du nord. A cette heure matinale, les bouchons habituels n'ont pas encore commencé et il ne me faut pas longtemps pour traverser Woodbury Hills. Je passe par la forêt direction nord tout en roulant tranquillement avec le coude à la portière. J'ai la route pour moi seul et j'avoue que je prends plaisir à faire un peu de route en solitaire. J'arrive à la casse sans problème et charge les pièces dans la benne du pickup avant de payer et de tout sangler pour éviter de perdre du matériel en route. Après avoir discuté un peu de bagnoles avec le proprio de la casse, je remonte en voiture et repart dans l'autre sens pour rentrer à Woodbury Hills.

- Fait chier, on va avoir le droit à une journée de merde. Ces boulets de la météo se sont encore plantés.

Au travers des arbres de Black Mountain, le ciel que je vois est obscurci par de gros nuages bizarres. Le présentateur de la météo nous avait pourtant annoncé une belle journée aujourd'hui. Alors que je suis en train de pester contre la météo, mon téléphone sonne soudain. Sur le tableau de bord du truck, c'est le numéro de Jenn qui apparait.

- Salut ma belle.
Jenn - Salut, t'en es où ?
- Je rentre.
Jenn - Par Black Mountain ?
- Oui, j'ai pris le plus court.
Jenn - Fait demi-tour, s'il te plait.
- Pourquoi ?
Jenn - La forêt est en flammes, ça a démarré à l'est et là, ça descend vers la ville et ça part doucement vers l'ouest.
- Ok. Je vais passer par Stanford Valley.
Jenn - Je préfère.
- Je t'appelle quand j'arrive à l'atelier.
Jenn - Fait attention.
- Bien sur... A tout à l'heure.
Jenn - Je t'aime.
- Moi aussi.

Elle raccroche et je bifurque à droite pour éviter l'incendie. Ce ne sont pas des nuages que j'ai vu alors, mais la fumée du feu de forêt. Alors que je roule tranquille en direction de l'ouest, je remarque comme des flocons de neige autour de moi, c'est pas bon ça. La cendre est portée par le vent, le feu doit être en train de s'étendre dans ma direction et se rapproche probablement puisque je ne voyais pas les cendres avant. Sans chercher à savoir si l'incendie se rapproche ou pas de moi, je met le pied au plancher et fonce à la limite des possibilités du pickup en faisant crisser les pneus sur la plupart des virages. Je n'ai pas envie de finir cramé dans la forêt. Je serais plus à l'aise avec un de mes coupés pour faire ça mais tant pis, je n'ai pas le choix.

La route redescend soudain plein sud, un peu trop dans la direction des flammes à mon gout, alors qu'un chemin carrossable que je connais s'ouvre direction ouest. Je ne l'ai pas pris depuis que j'ai quitté Stanford Valley et j'espère qu'il n'y aura pas d'arbre en travers ou une merde du genre mais je ne me pose pas la question. Je passe la boite de transfert en quatre roues motrices et enquille dans le chemin en faisant cracher la terre dans mon sillage. Si Jenn me voyait, elle hurlerait de peur mais heureusement elle est à l'abri dans son bureau et ne me voit pas prendre tous les risques pour m'éloigner de l'incendie.

Lorsque je sors enfin de la forêt pour arriver à Stanford Valley, je m'arrête quelques instants pour regarder la colline qui surplombe Woodbury Hills et reprendre mon souffle. Sans l'appel de Jenn, je pense que j'aurais certainement été piégé par l'incendie qui dévore Black Mountain. Avec un peu de chance, le circuit sera assez loin pour ne pas être touché. Ca me ferait chier de devoir faire refaire l'asphalte une nouvelle fois. En attendant, j'appelle Jenn pour lui dire que je suis en sécurité à Stanford Valley et me dirige ensuite vers l'atelier en prenant la route la plus éloignée possible du feu de forêt.

" Restons pas là ! " Rétorque-t-il après un court regard destiné à Melody.

Isaac comprends très rapidement l'ampleur de la catastrophe et surtout la dangerosité de la situation dans laquelle il se trouve. Il doit filer de cette forêt et cela le plus rapidement possible. Melody, bien que blonde, n'est pas la dernière des idiotes, elle attrape son chien et commence à rebrousser chemin. L'afro-américain parcoure une dernière fois le décor des yeux et il fait de même, emboîtant le pas à la jeune femme. L'odeur de fumée est maintenant pesante et plus les deux jeunes gens pressent le pas. La fumée les rattrape, les yeux commencent à piquer puis à rougir, Melody toussote tout en tenant avec force son chien. Lucky, sous son bras, gigote dans tous les sens, les pattes dans le vide. Isaac attrape le bras de la demoiselle et presse de nouveau le pas, l’entraînant avec lui. De plus en plus rapidement, ils tentent de quitter la forêt mais le chemin paraît plus long. L'incendie lui se rapproche et Isaac ne laisse pas un seul instant de répits à l'inconnue qui l'accompagne. Ils marchent aussi vite que cela est possible et ils se mettent finalement à courir. Les crépitements de l'incendie les motivant plus que jamais. Malheureusement, plus l'on va vite, moins nous pouvons choisir notre chemin. Isaac et Melody court en parallèle de la route et cela à plusieurs mètres en hauteur, autant dire qu'ils risquent de courir bien longtemps de la sorte avant de rencontrer un quelconque chemin. À cette vitesse, ils sont cependant incapables de s'en rendre compte. Les minutes défilent, la fumée rend la vision et la respiration difficile.

Voilà, que Melody montre des signes de faiblesse, elle commence à ralentir. Elle est bien loin d'avoir la résistance physique du boxeur qui se trouve à ses cotés. L'afro-américain s'arrête un instant et se tourne vers la jeune femme, cherchant à la motiver. Mais cette dernière cache son visage dans ses mains, la fumée gênant. Elle est essoufflée et demande donc encore plus d'oxygène, ainsi elle panique. Isaac reprend la marche en la forçant à faire de même, il ne lâche plus son bras. Oui mais voilà, Melody ne regarde plus où elle met les pieds. Entre deux buissons et quelques rochers, la jeune femme s'enfonce, glissant le long d'une paroi végétale. Elle entraîne Isaac avec elle, ce dernier tentant de se rattraper à une branche, un coupant rocher l'écorche alors à la taille. De douleur, l'afro-américain se contracte, suivant la jeune femme dans sa chute. Alors qu'ils déboulent, les vêtements se déchirent. Isaac ne lâche pas le bras de Melody, tentant de se raccrocher à quelque chose avec son autre main. Les points d'attaches ne sont jamais assez solides devant la vitesse de la chute. Les mains meurtries, Isaac parvient enfin à ralentir la descente. Une fois stabilisés, les deux malchanceux se redressent.

" Tu t'sens bien ? " Demande-t-il les mains abîmées.

" Oui, oui. Mais tu saignes ! " S'exclame la jeune femme en montrant le ventre de son sauveur.

" C'est rien, c'est rien, viens, on a du s'éloigner de la route ! Dépêche ! " Reprend-il en attrapant le bras de la jeune blonde.

Aussitôt Lucky s'échappe à vive allure, Melody se précipite dans le même sens et part une nouvelle fois en glissant cette fois-ci sur les fesses. Heureusement et quelques mètres en contre-bas, elle s'arrête. Isaac la rejoint en faisant super gaffe afin de ne pas tomber. Finalement alors qu'il redresse la jolie blonde, il aperçoit la route. Ils repartent aussitôt en courant dans cette direction. La route se rapproche et Lucky est déjà en bas ! Lorsqu'ils parviennent sur le goudron, ils ne prennent même pas le temps de se retourner, ils cavalent alors jusqu'à la voiture. Isaac démarre en trombe, Melody et Lucky sur le fauteuil passager. Après dix minutes à grande vitesse, ils quittent enfin Black Mountain. Isaac réalise peu à peu que son ventre le fait souffrir mais il n'en dit rien. Il raccompagne Melody chez elle et refuse tout remerciement une fois sur place. Il reprend ensuite la route mais alors qu'il se rapproche de la ville, sa voiture s'arrête. Putain, l'essence ! Isaac tape d'un coup sec sur le volant et sort de sa voiture. L'incendie n'arrivera pas jusqu'ici c'est déjà une bonne chose mais dans l'état où il se trouve, personne ne s'arrêtera pour l'aider. Les bras entaillées, les muscles à vifs, l'afro-américain se pose sur le capot de sa Chevrolet.

Non mais je vous jure, la profession d'avocat relève parfois d'étranges découvertes et surtout de redoutables moments où l'on doit faire des efforts plus que considérables. Jellyka en savait quelque chose car si il y avait bien un seul truc qu'elle avait réussi dans sa vie, c'était son boulot. Par conséquent, elle mettait toujours du coeur à l'ouvrage et cela quelque soit l'affaire. Certes, elle pouvait se payer le loisir de choisir des dossiers triés sur le volet mais elle aimait aussi les cas compliqués et surtout ceux qui payaient très bien. La jeune femme travaillait donc sans compter et gagnait parfois en un procès ce que certaines personnes gagnaient en une année de dur labeur. On peut donc dire que la belle était une privilégié, oui, elle en faisait un très bon exemple. Voiture de sport, loft immense, fringues de luxe et même attitude très soignée, tout en elle respirait la vie agréable ! En apparence la fille d'Abraham Anderson avait tout pour être heureuse. Pour compléter le tableau de la demoiselle parfaite, il faudrait ôter son étrange goût pour les trucs sordides et surtout faire l'impasse sur les situations parfois un peu trop dangereuses dans lesquelles elle aimait se fourrer. Sans doute était-ce un quelconque héritage familial. Elle ne savait pas trop et elle donnait surtout l'impression de n'avoir guère envie de creuser de ce côté là.

Ce jour là, Jellyka reçu un appel plus que capital pour sa prochaine affaire. Elle ne s'y attendait guère aussitôt mais un client qu'elle défendait souvent venait de lui recommander une personne avec qui elle pourrait faire facilement de l'argent. En gros, un poisson qui avait besoin d'un conseil et qui n'hésiterait pas à dégager une grosse somme pour cela. Ainsi, la belle afro-américaine ne se fit pas prier plus longuement et comme elle avait une entière confiance en ce client de longue date, elle prit l'appel inconnu. Un homme, visiblement paniqué et surtout assez étrange, lui expliqua longuement qu'il avait découvert quelque chose dans sa cabane à Black Mountain et que cette chose valait surement énormément d'argent. Jellyka a bien-sûr cherché à en savoir plus sur la chose en question mais elle n'est parvenue à aucune réponse judicieuse. L'inconnu au téléphone souhaitait savoir si il y avait pour lui un quelconque moyen de s'accaparer la propriété de cette chose surtout que cette dernière se trouvait dans sa cabane, celle que son père lui a transmise lors de son décès et je vous passe l'arbre généalogique sur le sujet !

Un brin agacé au téléphone, la belle tentait de connaître l'identité de cette chose ou même de savoir si l'homme avait un quelconque indice sur son origine. Sur ce sujet, rien ! Rien, impossible d'avoir une réponse concrète. Pourtant, cette réponse était nécessaire pour que son conseil juridique soit pertinent. En effet, la nature de la chose pouvant avoir des conséquences sur les fondements applicables à son espèce. Non, l'homme répondant au nom de William Parker ne voulait rien dire au téléphone et devant l’acharnement dont faisait preuve l'avocate, il lui donna tout simplement l'adresse de la dite cabane. D'abord suspicieuse, Jellyka se décida cependant à se rendre sur place, pas sans avoir donné toutes les précisions nécessaires à son associé. Elle prit alors la route vers Black Mountain au volant de sa Maserati blanche. Le temps était plutôt léger et malgré quelques ralentissements pour se rendre à l'extérieur de l'Economic Center, le trajet fût plutôt agréable. Un léger bout du musique flottait dans le luxueux habitacle et Jellyka tapotait régulièrement sur le volant. Son regard de braise aux cils courbés fixant parfois le rétroviseur central, elle se concentrait principalement sur le décor qui défilait sous ses yeux.

Trois bons quarts d'heure plus tard, Jellyka s'approchait de la cabane où se trouvait cette fameuse chose dont elle ignorait encore les caractéristiques principales. Sans doute était-ce vivant ou même mort ou alors complètement inanimé. Peut-être est-ce un vase du second empire Français ou même une prostituée Chinoise aux cheveux roses ? Finalement, Jellyka roulait plutôt doucement sur un sentier alors qu'elle vit une étrange fumée se propager dans le ciel. Elle coupa net le son de la radio comme si cela pouvait l'aider à comprendre ce qu'était cette fumée opaque et lourde qui noircissait l'azur du ciel. Elle continuait toutefois à rouler sur le sentier quand soudain, une vision d'horreur éclata à son visage. Ses yeux étaient maintenant figés, le pied enfoncé sur le frein, elle ne bougeait plus. Du haut de son sentier, apparaissait des hectares d'arbres morts et des flammes puissantes y rodaient encore. La belle prit une seconde de réflexion, déposant ses fines mains sur son visage.

" Bordel de merde. " Marmonna-t-elle sans pouvoir bouger le petit doigt.

Peu à peu, elle reprenait ses esprits, abandonnant son histoire de cabane et de chose inconnue bientôt carbonisée. Elle allait se taper la marche-arrière du siècle lorsqu'elle vit, au bout du sentier, un homme. Ce dernier était complètement figé devant la vue de terreur qu'offrait cet incendie. Même si elle était la reine de l'égoïsme, elle ne pouvait pas laisser ce mec mourrir calciné. Finalement, elle avança jusqu'à lui.

" Monsieur !!!! " Hurla-t-elle en quittant sa voiture qu'elle prit le temps de fermer. Le type ne bougeait pas, se contentant de marmonner des trucs qu'elle n'entendait pas à cause des crépitements du feu. Jellyka s'approchait de plus en plus, continuant d'appeler : " ÉÉÉÉÉÉh vous là-bas, vous voyez pas que ça crame ! "

Enfin, on dirait qu'il va se retourner vers elle !

Toujours assez loin, la belle redouble d'efforts : " Mais ça brûle putain ! y'a le feu ! LE FEUUUU ! " Reprend-elle.

Nouvelle ville, nouvelle vie. Encore... J'avais pas vraiment besoin d'un autre nouveau départ, mais bon, la vie c'est pas toujours comme on veut, non ? Oui, c'est souvent comme on peut. Au moins, j'ai toujours de quoi rouler et un travail. Certes, je suis pas au boulot là, mais je viens d'arriver. J'avais envie de faire un petit repérage des lieux, histoire de voir ce que Woodbury et ses alentours valent.
Je dois bien avouer que c'est plutôt joli à regarder comme paysage. Pas la ville en elle même, ça reste une ville. Mais les collines, la forêt et le lac sont des endroits sympas. Ça m'étonnerait pas que Black Mountain ait déjà connu des runs. C'est même sûr, j'ai vu pas mal de voitures taillées pour ça. Va falloir que j'arrive à m'intégrer à l'un des groupes. Mais pas tout de suite, je vais déjà prendre mes marques en ville et sur les routes avant d'y songer réellement. Profitons de ce beau temps, ça risque de pas durer éternellement. Je pose mes lunettes de soleil sur mon nez. J'irais me baigner après ça, pendant que j'ai encore le temps de pouvoir lézarder. On se croirait presque en vacances avec la musique en plus.

Sauf que... au bout d'un moment, le ciel semble se couvrir. Je peste intérieurement, la journée va être gâchée par une météo pourrie ? Ah, peut-être pas. Mais j'aurais préféré. Au détour d'un virage, une immense colonne de fumée masque l'horizon. Merde, comme si on avait besoin de ça. Il est temps d'ajourner la promenade, le plus sage est sans doute de fuir le plus vite possible. Ça me permettra de tester un peu la 442, ça fait un moment que j'ai pas eu à la faire aller vite. C'est parti !
L'asphalte est rapidement avalée par les pneus et je cherche la route pour m'éloigner de Black Mountain pour regagner la ville. Si quelqu'un déboule sur la route sans prévenir, j'espère que j'aurai le temps de freiner ou de l'éviter. Ce serait bête d'aggraver la situation en y ajoutant un accident du genre. Mais bon, j'ose croire que je suis plutôt doué à bord d'une voiture, non ? Enfin, bref. Je pense que ça sera pas la peine d'appeler les pompiers à propos de l'incendie, il doit être assez visible, et le réseau doit être saturé du coup. J'sais pas si l'odeur se ressent jusqu'en ville, à vrai dire je m'en moque un peu, mais on a pas vraiment besoin de ça. De longues minutes plus tard, je suis contente de voir que je suis un peu plus en sécurité. La ville n'est plus très loin.  Hum ? Pourquoi il est arrêté sur la bord de la route lui ? Vite, je ralentis pour éviter le pire et je m'arrête à sa hauteur quand je remarque que l'homme - un afro-américain- semble un peu en mauvais état. Je baisse la musique et descend la vitre. Ah ouais, il a morflé on dirait. Merde, j'espère que sa voiture roule encore, j'ai pas très envie que mon intérieur soit dégueulassé avec le sang.

- Hé !... Tout va bien ?

Bon, je vois pas quoi dire de plus. Mais c'est un bon début, même si je fais l'impasse sur les politesses au vu de la situation. Un coup d’œil aux environs et je souffle un peu. Le feu mettra du temps à arriver ici, ou ne viendra pas du tout. Une "chance", les dégâts seront donc limités à Black Mountain. Dommage qu'on doive ensuite supporter une vue pas terrible dans les années à venir. Bref. Voyons un peu ce qu'il se passe avec le blessé.

- Un problème avec la voiture ?

Isaac est entrain de se maudire, tellement qu'il ne pense pas à demander de l'aide aux véhicules qui passent. Il a quelques coupures sur ses bras musclés et une trace de sang sur ses vêtements au niveau de l'abdomen. Il sait très bien que dans cet état, rares sont les personnes qui vont s'arrêter pour lui demander quoique ce soit d'ailleurs. Si seulement ils savaient qu'il s'était retrouvé comme ça car il avait souhaité aider quelqu'un, peut-être le monde serait plus indulgent avec sa personne. Encore, ce n'est même pas sûr, l'être humain étant si égoïste et surtout si pressé. Si pressé de vivre, de faire les choses rapidement et d'avancer encore. Pour aller où ? Finalement, c'est ce temps que l'on se tue à gagner qui nous condamne, on ne profite de rien alors que l'on ne sait même pas si on aura le droit de savourer ces minutes durement gagnées. Pensif, sur le capot de sa Chevrolet neuve, Isaac ne bougeait plus trop. Il pensait à son appartement, à cet incendie et à son restaurant qu'il doit rejoindre dès ce soir. Ce restaurant et cette étoile qu'il apprécie tant, le résultat de son travail, son véritable bonheur, l'Endroit où il est un homme accompli. On pouvait dire qu'Isaac se définissait comme un homme chanceux, un homme heureux. Il ne rajouterait rien, n'enlèverait rien à sa vie. Il peut se faire plaisir lorsqu'il le désire, il conduit une voiture qu'il adore, il fait le métier de son rêve, il s'entend bien avec la planète entière. Bref, tout va tellement bien, qu'il se fiche d'attendre sur le rebord de la route comme un sombre clochard aux idées salaces. Il n'est pas un clochard et surtout il est incapable de nourrir de mauvaises idées. Isaac est un homme calme et sage, il sait parfaitement où trouver de la justesse et comment peser ses mots. Finalement et à sa grande surprise, une voiture s'arrête à sa hauteur. Il s'attends à apercevoir le visage d'un homme barbu, la cinquantaine et la chemise à carreaux qui va avec. Étrangement, c'est une jeune femme aux cheveux foncés qui se trouve être au volant. Ravi qu'on s'arrête pour se soucier de lui, Isaac s'arme naturellement d'un grand sourire. Il quitte sa place surélevée et s'approche à peine du véhicule, avec sa carrure il ne souhaiterait pas faire fuir cette âme charitable.

" Bonjour, oui, tout va bien, j'vous remercie, je viens de Black Mountain, j'ai eu chaud à cause de l'incendie. " Explique-t-il en ramenant instinctivement sa main gauche sur sa blessure. Lui qui vient de se baisser pour parler à la jeune femme, ressent qu'un peu plus d'étranges picotements dans son ventre.

Aussitôt, il reprend la parole, embêté : " J'suis en panne d'essence.  C'est con à dire mais c'est vrai. "

Soupirant sur son propre cas, l'afro-américain semble effectivement avoir besoin d'un petit coup de main et cette inconnue vient de s'arrêter bien gentiment. Peut-être ira-t-elle jusqu'au bout de son geste et apportera-t-elle une début de solution à Isaac. Il faut dire que ce dernier l'espère grandement, il n'a aucune envie de se faire l'aller-retour à pieds jusqu'à la prochaine station. Pourtant, il faudra bien se rendre à l'évidence d'ici quelques minutes. Les seules personnes dont il est assez proches, travaillent à son restaurant et préparent à cette heure-ci le service. Il ne peut donc pas leur demander de tout plaquer pour venir lui filer de quoi rouler. Il pense aussi à Jellyka mais il ne se voit pas, non plus, lui demander de l'aide, la situation étant déjà si compliquée avec sa demi-soeur. Non, en fait, il espère juste que cette inconnue va lui donner une réponse positive.

Pour une fois qu'elle essaye de se montrer sympathique et humaine, voilà que rien ne fonctionne correctement. Jellyka s'avance doucement vers l'inconnu mais ce dernier commence à raconter des trucs incompréhensibles. La jeune femme tend l'oreille et tente de comprendre ce que cet homme peut bien raconter. Il parle d'une saucisse et Jellyka stoppe aussitôt sa marche. Elle ne bouge plus et fronce les sourcils un instant, se demandant si elle devient folle ou si elle est tout simplement en face d'un simple d'esprit. Une bourrasque vient frapper le visage de l'afro-américaine, au même moment, cette dernière attrape ses cheveux d'une main, les maintenant contre sa poitrine. L'odeur de fumée s'y est déjà parfaitement bien imprégnée et elle ne peut s'empêcher de ronchonner. Oui, elle va devoir de nouveau les laver et cela alors qu'elle vient de le faire ce matin. Qui dit se laver les cheveux dit également brushing haute compétition. Oui, elle ne peut les laisser sécher naturellement au risque de se pointer au Tribunal dès le lendemain matin et le tout munit d'un magnifique mouton sur la tronche. Non, elle a tout de même une image de marque à entretenir, on est pas le meilleur avocat de la ville sans quelques sacrifices. Même si ces sacrifices ressemblent à des heures de souffrance en salle de bain. Finalement, Jellyka avait bien comprit, l'homme se trouvant face à elle parle bien d'une saucisse. Cependant plus elle s'interroge plus elle croit comprendre que cette fichue saucisse n'est rien d'autre qu'elle même. Non mais sérieusement, il plane sévère là ?! La belle avocate, les lèvres pincées et la mine agacée ne semble plus trop savoir ce qu'elle doit faire.  

Les flammes qui s'élèvent dans le ciel, attisés par le vent, lui donne un nouveau électrochoc. Elle réalise qu'elle a n'a pas tout le temps qu'elle désire pour prendre une décision. Ainsi, elle tourne les talons, ouvre de nouveau sa voiture et grimpe au volant. Le sentier de terre prend une violente rafale lorsqu'elle accélère en furie. Deux cent mètres plus loin, elle fait demi-tour et revient à toute vitesse sur ses pas. Elle s'apprête à tracer magistralement hors de cette forêt merdique quand elle freine d'un coup sec. Son regard se tourne vers l'inconnu qui s'enfonce dans les broussailles. Aussitôt, elle klaxonne à deux mains. Des oiseaux s'envolent d'un vieil arbre et elle baisse aussitôt sa vitre. Elle hésite quelques peu mais elle reprend quand même la parole tout en descendant sa vitre électrique.

" ALLEZ VENEZ ! SOYEZ PAS CON ! " Hurle-t-elle en faisant un signe de la main.

" DERNIERE CHANCE ET J'ME BARRE ! " Reprend-elle au volant de sa Maserati.

Ses fins doigts tapotent sur le volant, ses yeux glissent entre le sentier de terre et l'inconnu entouré de flammes. Les secondes s'écoulent bien lentement... Elle lui laisse un court temps de réflexion. Son pied droit s'apprête à enfoncer de nouveau l'accélérateur.

Spoiler:

Ah, le gars a l'air content que quelqu'un s'arrête pour lui porter secours. Son sourire en dit long. Et y a pas qu'à cause de l'incendie qu'il a chaud, il a bien besoin de soins. Mais je peux rien faire pour lui, va falloir qu'il tienne le coup jusqu'à l'hosto. Han, il a l'air d'attendre que je lui dise de monter. C'est sûr qu'avec une panne d'essence, il risque pas d'aller loin. C'est vrai que c'est con. Bon, par contre, j'ai pas que ça à faire, alors on accélère le mouvement, mon petit gars. Allez, j'vais être sympa, j'vais le laisser monter. Un petit sourire et j'ouvre la porte.

- Allez, montez. Mais foutez pas du sang partout. J'vous emmène en ville pour chercher de l'essence, ou des soins, au choix.

Je le laisse monter à mes côtés et j'en profite pour baisser un peu plus le son de la musique, histoire de le laisser parler s'il veut. Je vérifie aussi qu'il fasse gaffe à pas mettre trop de sang partout. Bon, c'est pas comme si j'avais pas de quoi refaire le siège, mais ça fait quand même un peu chier. Allez, Kim, c'est pour la bonne cause. Je prends sur moi. Au pire, je ferai passer ça par le garage, le soir. C'est pas comme si personne ne le faisait, donc bon, y a pas trop de risques. Ouais, je vais faire comme ça, j'emmerde mon chef.

- On va où en premier ? Je vous dépose aux urgences ou vous préférez pas laisser la bagnole ici ?

Ouais, bah, ça m'étonnerai pas plus que ça qu'il veuille prendre l'essence avant de se faire soigner. Les gens sont parfois bizarres, ici. Mais une belle voiture comme ça... on la laisse pas toute seule, quand même. Ce serait inconscient. Merde, j'ai pas mon jerrycan, la boulette, j'aurai pu le dépanner. Mais comme je l'ai pas, on va devoir rouler en ville et revenir après. Mais je pense qu'il ferait mieux de faire examiner cette blessure avant tout.

Spoiler:

Finalement la jolie brune au volant semble plutôt disposé à apporter son aide. L'afro-américain est un brin surpris mais il ne laisse pas échapper sa chance, il décide de sauter sur l'occasion. Après tout, on ne sait pas combien de temps pourrait s'écouler avant qu'une autre voiture daigne s'arrêter sur le rebord de la route. Il faudrait en plus que la personne qui conduit veuille bien secourir Isaac et ça aussi, c'est pas gagné. Chanceux qu'il est, il accuse la réponse de l'inconnue aux cheveux foncés avec un grand sourire. Tout en maintenant son ventre grâce à sa main, il entre dans la voiture et s'installe sur le siège passager. Il fait bien attention à ne rien salir ni même à déposer ses mains un peu partout. Droit comme un i et tentant de faire bonne figure, il écoute la jeune femme. Cette dernière lui demande ce qu'il souhaite faire en premier. Isaac lui répond instinctivement, il faut dire, qu'en étant le fils d'un chef de gang, on en voit passé des blessures. Ainsi et même si son ventre lui fait mal, il sait très bien qu'il ne s'agit que d'une écorchure assez profonde. Cela peut très bien attendre un peu. Par contre et par les temps qui court dans cette ville de malades mentaux, le chef étoilé n'a guère envie de retrouver sa voiture en mauvais état ou -pire encore- de ne pas la retrouver du tout. S'armant de son sourire, il répond à la belle conductrice. Assez soucieux de ce qu'elle va bien pouvoir en penser mais que voulez-vous, on ne se change pas.

" J'aimerai bien allez prendre de l'essence. Je tiens assez à ma caisse et ma blessure n'est pas très grave. " Explique-t-il dans une grimace de douleur.

Aussitôt et pour dédramatiser, il ajoute quelques mots : " Bon elle fait mal, mais c'est pas mortel. "

Heureusement la jeune femme a l'air de savoir bien conduire et pour cause, voilà qu'on file vers la ville et le tout avec une fluidité assez remarquable. La main d'Isaac laisse écouler un fin filet de sang, ce dernier s'arrête dans les vêtements du jeune homme. Afin de penser à autre chose, son regard se dépose vers la demoiselle au volant.

" Cette journée de merde me fait même oublier la politesse. Je m'appelle Isaac, Isaac Anderson. Je vous remercie de vous être arrêtez, vraiment. "

Ne sachant pas trop quoi rajouter, il se contente de regarder la route. Les minutes filent et sa blessure continue de le lancer. Il ne dit rien, ne bronche pas et pourtant son regard ténébreux peut facilement le trahir. Les yeux dans le décor, il espère que le temps passera vite et qu'il sera bientôt au volant de sa voiture afin de rentrer chez lui. Il sait pourtant qu'il est plus sage de passer aux urgences et de se faire mettre quelques points de suture mais devant tant de choses à gérer, Isaac a, pour une fois, du mal à mettre de l'ordre dans ses idées. Son couvre-feu du soir l'inquiète, il lance alors quelque chose qui risque de surprendre la gentille jeune femme à ses cotés.

" Oubliez l'essence, on va à mon restaurant. Je vous indique dès qu'on arrive en centre-ville. Je vous remercie encore. " Lance-t-il en serrant les dents.

Bon, il fait gaffe à pas mettre du sang partout. Un bon point pour lui. Il a mal, mais il en mourra pas. Si tu le dis, mon gars. J'aurai bien ri, mais je souris, c'est un bon début. Je dois quand même rester concentrée sur la route. Y a pas mal de virages, foutue Black Mountain. Ce sera plus simple une fois en ville, à part les bouchons. Je rirais volontiers à tes blagues en des temps moins critiques. Désolée, mais je suis pas très rassurée par la blessure, même si tu dis qu'elle est pas dangereuse. Elle reste quand même impressionnante. On va quand même prendre ton essence, t'ira te faire soigner après. Ah, voilà qu'il se présente, maintenant. Bon, c'est pas une mauvaise idée, vue les circonstances.

- Enchantée, appelez-moi Kim. C'est trois fois rien, vous en faites pas. Je pouvais pas laisser quelqu'un dans cette situation. Personne se serait arrêté avec cet incendie. Je compatis, les journées de merde, c'est fréquent, malheureusement.

Mais je vois pas quoi rajouter d'autre, alors je continue de rouler pendant quelques minutes. D'habitude, je peux faire la conversation, mais là... j'sais pas, y a rien qui me vient à l'esprit. Une autre fois, peut-être. Il a l'air gentil, enfin, j'espère. On sait jamais sur qui on peut tomber dans cette ville. Le tueur au chapeau semble encore être dans la mémoire de tous, ici. Bon, faut que je sorte ça de ma tête, y a des gens bien à Woodbury. J'espère pour lui qu'il va pas se faire voler sa Camaro SS, ça serait con, c'est une belle bagnole...
Bref, ça m'empêche pas de tailler la route. A vitesse réduite, certes, à cause de sa blessure, mais on avale le bitume à vive allure quand même. Je prendrais le temps de revenir une autre fois, pour le paysage. Et pour me préparer à d'éventuelles courses. J'ai bien envie de m'en faire une dans les jours à venir. Ah, oublier l'essence pour aller à un restau ? Tu vas pas un peu vite mon gars ? Attends au moins le prochain rendez-vous, même si c'est ton restau à toi.

- Euh, j'ai un doute là. C'est une invitation ou faut encore faire un détour ? Vous préférez pas qu'on s'occupe de votre blessure ou de votre voiture ?

Bon, je dis ça sur le ton de l'humour, mais quand même. Y a peut-être plus important à faire que d'aller à un restaurant. Mais s'il  envie de se faire une bouffe, libre à lui...

Isaac ne peut que rire à la réponse de sa sauveuse du jour. La jolie Kim est assez surprise de sa dernière indication et il y a de quoi, elle peut effectivement se demander où il veut en venir. Isaac étant blessé et ayant abandonné sa voiture sur le coté de la route pour une panne d'essence, il est vrai qu'il est un peu irrationnel de s'arrêter dans un restaurant juste après ça. Oui mais voilà, c'est son restaurant et ça change tout. Il va pouvoir se soigner tranquillement et envoyer un collègue de travail récupérer sa Chevrolet. Quoiqu'il en soit et quoiqu'il fasse une fois à l'Endroit, il sera comme chez lui et c'est déjà un super bon point par rapport à la situation dans laquelle il se trouvait quelques courtes minutes plus tôt. L'afro-américain se ressaisit rapidement, son rire s'efface et laisse place à un grand sourire. Il ne voudrait pas que la jeune femme pense qu'il se fout ouvertement de sa gueule. En effet, c'est toute cette situation mais également ses nerfs à vifs qui font rire le chef étoilé. Le contexte est assez drôle, il a mal et la belle qui lui sauve la peau ne comprends pas ce qu'il cherche à lui expliquer. Finalement, passant sa main gauche sur son visage et terminant sur sa barbe de trois jours, il reprend la parole pour expliquer les choses plus calmement et surtout plus clairement.

" Non, c'est mon restaurant. Là-bas je peux me soigner et envoyer des employés récupérer ma voiture entre temps. " Explique-t-il en maintenant sa blessure de la main droite.

Son regard se concentre de nouveau sur la route mais aussitôt la phrase de Kim résonne de nouveau dans sa tête. Il est tellement à la masse et assommé par cette journée aussi incroyable que merdique, qu'il en oublie d'être gentil. Complètement maladroit, il n'a pas relevé tout de suite l'invitation dont parlait la brune. Il ne faudrait pas qu'elle pense qu'il est hautain ou même snob, il n'est pas dans sa nature de laisser une femme penser des mauvaises choses concernant sa personne. Il est certes parfois à coté de la plaque mais de là à zapper complètement la politesse de base, il ne faut pas pousser. Ainsi et pour se reprendre, Isaac rajoute quelques mots. Tentant de faire bonne figure et surtout d'installer la bonne ambiance sur le chemin du Woodbury Center.

" Pour ce qui est de l'invitation, je vous dois bien un repas en effet. Vous pourrez venir au restaurant quand vous le désirez. Ça me fera plaisir, je vous cuisinerai ce qui vous plaira. " Argumente-t-il en gardant un léger sourire.

La tête du jeune homme s'appuie maintenant sur la siège passager. Tordu de douleur, il ne bronche toujours pas. Heureusement, à l'horizon, les gratte-ciels de Woodbury apparaissent. Black Mountain et sa fumée noirâtre disparaissent peu à peu dans les rétroviseurs. Isaac laisse échapper un court soupire tout en tentant de rester concentré sur la route qui défile sous ses yeux. Il espère cette fois-ci, s'être correctement exprimé. Comme d'habitude, il désire faire bonne impression aux yeux de cette si gentille inconnue. C'est un peu sa seconde nature et pour une fois qu'on lui sauve la mise, c'est si couramment l'inverse que cela mérite d’être souligné. Tentant de faire la discussion et surtout afin de faire taire sa curiosité, il lance alors une question à la conductrice.  

" Vous conduisez bien... J'sais pas, on dirait vous faites ça instinctivement, naturellement. "

Aussitôt il se rend compte de l'absurdité de sa phrase, lâchant un sourire amusé, les yeux roulant en l'air. D'un signe de la main, il se reprend et argumente sur sa dernière déclaration.

" Laissez tomber, ça veut rien dire ce que je raconte. "

Embêté mais amusé, il garde son sourire, souhaitant s'expliquer mais n'en faisant rien.

Non mais sérieusement c'est quoi cette journée pas possible ! Jellyka devait passer une journée relativement normale et cela malgré la demande assez étrange d'un client. Elle ne devait parler que problème juridique et défense à tenir mais rien n'a fonctionné correctement. Non tout s'est carrément barré en couille si vous me permettez l'expression. La voilà, perdue au milieu de nulle part, entrain de se demander si l'homme qui l'attendait n'est pas mort grillé. Rapidement, elle s’interroge aussi afin de savoir si elle ne pourra pas être attaqué pour non-assistance à personne en danger. Elle éloigne très vite cette possibilité de son esprit, trouvant le tout complètement illogique. Alors qu'elle hausse les sourcils, impatiente et prête à déguerpir de cette fichue forêt en flammes, l'inconnu se retourne. La belle avocate pense alors soudainement qu'il a retrouvé la mémoire et qu'il est enfin conscient de la situation dans laquelle il se trouve. Pensez-vous, cet inconnu complètement barjot est bien loin d'une quelconque remise en question sur l'endroit où il se trouve. Non, le voilà qu'il court jusqu'à la voiture. Oui mais comment vous dire, il ne court pas comme s'il souhaitait rejoindre la voiture le plus rapidement possible. Il court comme un taureau qui charge un fichu bout de tissu rouge. Nom de Dieu mais Jellyka dans quelle merde tu t'es encore foutue. Tu as beau ne pas être née de la dernière pluie, jouer souvent avec la légalité et même la dangerosité de ce monde, sur ce coup, t'es pas bien intelligente tiens !

Voilà qu'il vient s’emplâtrer sur la vitre avant de la Maserati.  Vous savez un peu comme une vulgaire omelette qui se fracasse dans votre évier lorsque vous la retournez à l'aide d'une assiette bien trop petite. Enfin qu'est ce que je vous raconte ça moi, surtout si vous êtes un type qui ne sait pas se servir de ses cinq doigts ! Voilà que le premier de la classe dégouline maintenant le long du véhicule avant de rentrer en contact avec le sol, toujours sous le choc. Jellyka reste complètement abasourdie et assez choquée de ce comportement plus qu'étrange. Malgré tout, elle a pitié de l'inconnu. On ne sait pas pourquoi mais cette fois-ci Mademoiselle Anderson a retrouvé le chemin qui mène à son coeur et chose encore plus inhabituelle, elle en fait l'utilisation. Elle ne se voit pas abandonner ce pauvre mec au milieu de ces arbres qui crament. La jeune femme gigote dans son siège et aperçoit enfin l'homme qui se redresse manquant de se cogner une nouvelle fois dans sa portière avant. Jellyka secoue la tête quelques secondes alors qu'elle ne comprends gravement rien à ce que raconte le mec qui fait l'amour à son pare-choc avant. Ce dernier contourne le véhicule plus vite que la musique et semble parler un langage d'un autre siècle. Si elle savait qu'il s'agit de Russe, elle ne pourrait que confirmer ses doutes sur le siècle en question.

Ah tiens voilà qu'il grimpe et qu'il bombarde la jeune femme de cent mille questions comme si elle savait ce que foutait ce mec au milieu de nulle part. Devant tout ces questionnements, elle se demande même ce qu'elle fiche encore là. Mettant le pied au plancher, la Maserati embrasse le sentier et dévore plusieurs mètres en quelques secondes. Le décor s'embrase et un arbre immense s'étale sur une partie du chemin. Heureusement, Jellyka peut l'éviter, elle ralentit à peine le temps de se sortir de cette délicate situation et accélère aussitôt. Le but étant de quitter au plus tôt cette putain de montagne de merde mais est-ce possible que cette ville à la con parte autant dans tous les sens ? Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ou à je ne sais qui d'ailleurs pour être autant dans la merde. C'est tout de même pas croyable ! Alors qu'elle est à deux doigts de s'énerver contre le monde entier son passager fixe l'arbre en flammes dans le rétroviseur. Elle ne peut s'empêcher d'ajouter quelques mots tout en tenant fermement le volant des deux mains.

" Vous m'avez fait flippé. Je sais pas à quoi vous carburez mais c'est du lourd ! " Ajoute-t-elle en tentant de rester concentrer sur ce qu'elle fait et surtout sur ce sentier bosselé.

Les flammes couvrent la route sur leur passage, Jellyka tente d'oublier ce qui se passe derrière elle et elle fonce vers la sortie. Souhaitant qu'elle puisse circuler sur le goudron et rentrer le plus rapidement possible en ville. Ils sont passés où ces pompiers à la con ? Toujours les premiers pour demander des subventions mais lorsqu'il y a la moindre brindille qui s'enflamme, y'a plus personne, c'est quand même affligeant ! Putain de contexte économique ! Bordel, elle est si loin que ça la route ?! Heureusement, Jellyka n'aura pas le loisir de s'agacer plus longtemps. La forêt s'éloigne et la fumée se fait plus présente. Enfin, elle s'engage sur la route, manquant d'écraser un animal apeuré. Elle marque un puissant coup de frein, stoppant la course de son passager vers le tableau de bord de sa main droite. Cheveux en pagaille et au milieu de la route, le temps s'arrête. Elle regarde l'homme qu'elle vient de ramasser à Black Mountain.

" Vous allez bien ? " Demande-t-elle idiotement avant de reprendre le volant des deux mains. Roulant de nouveau, rapidement mais beaucoup moins vite qu'il y a quelques minutes.

La route défile, Black Mountain est maintenant loin et nous sommes sains et saufs. Cependant et avant d'entrer dans Woodbury, elle se fait doubler par deux policiers en motos. Les yeux au ciel, elle glisse un regard vers son passager. Elle qui pensait en avoir finit pour les emmerdes aujourd'hui. Les motards lui font signe de s'arrêter sur le bas coté, la belle s'exécute tout en se demandant bien ce qu'elle a fait pour subir un si triste sort. Oui mis à part, avoir sauvé un camé qui n'a pas sa ceinture et être carrément en infraction concernant la vitesse limitée. La jeune femme s'arrête donc un peu plus loin.

" Si vous les aimez autant que moi, on est servi. " Lance-t-elle avant d'ouvrir sa vitre. Une épaisse couche de fumée s'en échappe, en plein dans la tronche du motard à lunettes de soleil. Ce dernier n'apprécie guère.

Quelle putain de journée !

Ouais, j'crois qu'il plane un peu le gars. Il est pas clair quand il parle et il rit souvent. J'sais pas si c'est le stress ou un truc du genre... Si j'échappais à un incendie après une panne d'essence, j'aurai la même réaction ? Mouais, j'ai pas très envie de savoir. M'est avis qu'il serait mieux soigné à l'hosto ou chez un docteur. Mais bon, s'il a envie de se faire soigner à son restau, libre à lui. Pour un peu, j'aurai l'impression qu'il se fout de moi. Ça reste possible, mais j'vais pas rentrer trop dans son jeu si c'est le cas. Et puis surtout, le plus important, c'est que j'en ai un peu rien à foutre s'il se moque de moi. J'le dépose là où il veut, et on verra si c'est ça ou pas. Faut que j'arrête de faire ma suspicieuse des fois.
Bref, j'en saurais plus une fois qu'on sera à son boui-boui. Il se démerdera pour ramener sa bagnole en ville. On va pas trop tarder à arriver dans la ville, ça serait sympa qu'il me dise où c'est. Le centre-ville, c'est vague, quand même. Je me contente de hocher la tête à tout ça.
Mais c'est là qu'il me dit un truc intéressant. Et je pense que je vais pas laisser passer l'occasion.

- Ah, bah, j'disais ça pour... je sais plus pourquoi. Mais on va dire pour déconner. Mais c'est une offre tentante.

Hé ! Ma foi, un repas gratuit. Bon, je pense pas que j'emmènerai des gens avec moi, on va pas abuser non plus. Et puis, mes amis sont plutôt fast-food ou restau de routiers, des trucs du genre. Alors qu'à Woodbury Center, c'est pas la même chose. En tout cas, je passerai pour tester sa cuisine. En espérant qu'il cuisine mieux qu'il ne pense à faire le plein. D'ailleurs, j'espère qu'il va me guider, je connais pas trop le quartier où a l'air d'être son bouge. Certes, on y est pas encore. Mais on voit quand même la ville. J'y serais pas super super longtemps. Le plus long va être de se tailler un chemin dans les rues. J'espère que ça sera pas trop galère. Et qu'on va pas se taper tout le lot des feux rouges de Woodbury Hills. Mais bon, je conduis bien, ça devrait aller. Merci Isaac.

- Il parait, ouais. J'aime beaucoup les voitures, surtout les vieilles de ce genre. J'ai passé pas mal de temps sur les routes, je crois que c'est pour ça que ça relève de "l'instinct".

Sourire. Ouais, j'suis pas la meilleure, mais je m'débrouille plutôt pas mal niveau conduite en effet. Cela dit, mon passager a l'air encore sous le choc. Un miracle qu'il ait pas planté sa voiture avant qu'elle tombe en panne. Bon, je suis peut-être mauvaise langue, j'le connais, j'peux quand même pas déjà dire du mal de lui, non ? Bref, j'irais pas plus loin non plus sur ma conduite. Je suis dans cette ville depuis "peu", mais j'ai pas encore décidé si j'allais ou pas reprendre les courses. Enfin, oui, mais pas quand, en fait. J'pense que je vais d'abord mieux m'installer, me faire d'autres connaissances. Je verrais ça demain. Je crois que j'aurai pas la tête à ça ce soir.
Là, je garde le volant en main, sans rien dire. J'ai rien à dire, je vais pas meubler pour faire genre. J'ai suivi son conseil, j'ai laissé tomber. Moi aussi ça voudra rien dire ce que je raconte si je parle. Mais on se rapproche quand même de plus en plus, genre là on y est dans cinq minutes à tout casser. Boarf, je ferais la causette quand on sera dans les bouchons. Là, je préfère me concentrer sur la route. Sans vouloir paraitre impolie, bien sûr.

Spoiler:

L'Épisode 3 est maintenant terminé.

Je vous remercie d'y avoir autant participé. Vous allez recevoir des gains sous forme de points d'expérience en fonction de votre engagement dans ce sujet.

Isaac Anderson, tu as déjà 2659 points tu en gagnes 140.
Coddy McQuarters, tu as déjà 5948 points tu en gagnes 70.
Alekseï Gymnestov, tu as déjà 355 points tu en gagnes 95.
Jellyka Anderson, tu as déjà 5876 points tu en gagnes 110.
Kim Morrison, tu as 0 point tu en gagnes 120.
(dans l'ordre d'apparition)


Je vous souhaite une bonne journée sur Woodbury Hills.