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" Comment voulez-vous que je m'en souvienne. Je vois défiler tant de personnes toutes les nuits ! Même avec la vidéo ! Je me rappelle du moment, de la soirée, je me rappelle de cette jeune femme rousse mais vous dire laquelle des deux c'était. Franchement, j'sais pas. C'était peut-être même une autre gonzesse ! "

Le regard embêté, la gestuelle hésitante, voilà un bref résumé pour décrire l'attitude du barman de l'Oasis. Interrogé dans les locaux du FBI, il est facile de voir que l'homme fait de son mieux mais qu'il est incapable de désigner une photo plutôt qu'une autre. Reprenons depuis le début vous le voulez bien ? Sur les caméras du casino, trois demoiselles. Marianne McMara, Elia Phillips et Vera Makepeace. La première est une afro-américaine aux cheveux noirs et les deux dernières se ressemblent plutôt bien. Des cheveux roux et deux jolies silhouettes. Sur les caméras de la boite de nuit, pas grand chose au départ. Après un petit séjour entre les mains de nos experts du FBI, on distingue bien une demoiselle Rousse qui tient la discussion à la victime. Maintenant vous dire qu'il s'agit d'Elia, de Vera ou de je ne sais qui. C'est un peu compliqué pour pas dire complètement impossible. Bien-sûr Elia peut avoir le profil parfait. Escort girl, vie pas très équilibrée. Oui la tueuse parfaite. Cependant Mirage adore procéder par élimination. À défaut de raisonner dans un sens, cela élimine les possibilités et nous fait tendre vers un point. Si c'est plus long, ça a le mérite d'être efficace et d’éviter, normalement, les erreurs. La jolie brune quitte la salle d'interrogatoire et l'homme peut enfin retourner chez lui. Sa déposition n'a duré qu'une petite heure mais elle peut être très longue pour celui qui subit les questions des agents. Finalement, Mirage retrouve son bureau. Installée, elle est en pleine réflexion et tapote son stylo à papier sur un bloc-notes. Enrico s'approche d'elle et s'installe en face de sa collègue.

" On va sonner chez McMara ? "

" Non, par élimination, la moins probable d'abord, ça nous évite de nous embrumer l'esprit. "

" Makepeace. Pas d'inconvénients. " Reprend l'agent en regardant une photo de Vera.

Souriant stupidement, l'agent ne dit plus rien. Le tout sans cacher que le charme de la suspecte fait effet. Même sur lui. Mirage le regarde alors quelque secondes longuement. Elle pense d'abord que tous les hommes sont les mêmes mais elle finit par se dire qu'elle doit pousser plus loin son profil. Une heure plus tard, une voiture fédérale s'approche de la propriété de Vera Makepeace. La profiler ignore si la jeune femme est seule ou alors en compagnie de son époux. Derrière le volant, elle ajuste ses lunettes de soleil et jette un oeil vers Enrico. Ce dernier semble plus concentré par les palmiers du lieu que par l'enquête mais la belle latine n'en dit rien. Une fois garée, elle quitte le véhicule et s'approche de la porte d'entrée. Tapant plusieurs fois de manière cependant sobre et calme, elle le laisse le temps s'effriter. Finalement, une femme ouvre mais il ne s'agit visiblement pas de Vera, Mirage se présente alors à l'employée de maison. Cette dernière referme la porte alors qu'elle court sans doute chercher sa patronne.

" Ils se font pas chier. " Marmonne Enrico.

" Oh tu sais les apparences. Elle ferait d'un homme une personne fréquentable, pour te dire. " Ajuste Mirage les dents serrées.

Un brin touché par ce piquant et gratuit retour, l'agent fédéral fronce le regard mais tout à coup, la porte s'ouvre de nouveau. Ne lui laissant pas le temps de répondre.

" Agent de Fuentes et Martinez, FBI. Nous avons des questions à vous poser. "

Classique, efficace. Que voulez-vous...

Vêtue d'un bikini noir qui ne cache presque rien de sa ravissante plastique, Vera se dirige vers la piscine couverte de leur palace alors que quelqu'un vient sonner à la porte. A l'audition de la sonnette, la jeune femme s'arrête et demande à Louisa, la femme de ménage, d'aller voir qui peut bien sonner en se début d'après midi. La femme de ménage éteint l'aspirateur et pose le tube contre le canapé avant de répondre à la maitresse de maison.

Louisa - J'y vais madame.

Vera attends, intriguée, à la porte de la piscine et regarde l'eau bleu avec envie mais il lui faut attendre le retour de son employée de maison avant d'avoir la possibilité d'aller se baigner. Quelques dizaines de secondes plus tard, Louisa revient vers Vera avec l'air paniqué et c'est d'une voix aiguë qu'elle s'adresse à la jolie rousse.

Louisa - C'est le FBI qui demande à vous voir, madame.
- Le FBI ?
Louisa - Si, une femme et un homme.
- Merci Louisa.

Vera sent la peur monter, elle souhaiterais à cet instant que Warren soit là pour la soutenir mais il est au travail pour le moment et ne rentrera pas avant ce soir. Sans même prendre le temps d'enfiler une paire de chaussures, un peignoir ou quoi que ce soit pour avoir une tenue correcte, elle se dirige vers la porte d'entrée et ouvre aux deux agents du FBI avec un grand sourire.

Mirage -  Agent de Fuentes et Martinez, FBI. Nous avons des questions à vous poser.
- Bien sûr, entrez. Désolée pour la tenue mais je partais me baigner.

Elle laisse les deux agents entrer puis referme derrière eux. La peur la tenaille, avec le nombre de cadavres qu'elle a semés en les tuants de la même façon avec le même type d'arme, il n'est pas étonnant que le FBI vienne la voir. Elle n'a pas peur pour elle mais pour la réputation de son mari. Un scandale pareil aurait des répercussions énormes et pourrait tout couter à son mari.

Mirage se retrouve nez-à-nez avec ce qui semble être l'employée de maison. Enfin, c'est sûr qu'il s'agit de l'employée de maison. Elle ne ressemble pas du tout à la jeune femme rousse que l'on vient rencontrer ici. C'est peut-être quelqu'un de la famille Makepeace mais je ne sais pas, sa manière de parler et de se comporter n'est pas tout à fait adapté. C'est la bonne, c'est une chose certaine et cela s'avère juste dans la minute qui suit. La femme s'éloigne et appelle sa patronne. Mirage jète un court regard vers son collègue de travail. Ce dernier fait de même, haussant légèrement les sourcils avant de scruter l'intérieur de la maison à travers la porte ouverte. Mirage regarde également discrètement la décoration intérieure de ce qui semble être le hall d'entrée. Les choses semblent soignées et bien rangées. Finalement une femme à la chevelure Rousse apparaît dans le palace et se rapproche discrètement de la porte d'entrée. Elle est en maillot de bain et tout de suite la réaction de Enrico ne se fait pas attendre. Son regard se dépose sur la silhouette de Vera avant de reprendre son sérieux lorsque cette dernière arrive à la hauteur des deux agents fédéraux. Elle s'excuse automatiquement pour sa tenue et invite les profilers a entrer chez elle. Si Enrico garde un sourire sur les lèvres, il reste en plan quelques secondes devant la porte d'entrée. Mirage, ne perd aucune minute et s'engouffre dans la bâtisse sans forcément regarder de nouveau la propriétaire des lieux. Une femme en maillot, ce n'est pas quelque chose qui la dérange plus que ça, elle est une femme elle-aussi et elle sait ce que ça donne que de porter un bikini. Enrico par contre, semble se délecter de la silhouette de la maitresse des lieux et il lui donne le change devant la porte d'entrée.

" Merci beaucoup Madame Makepeace. " Ajoute-t-il tout en regardant autour de lui. Aussitôt, il reprend la parole, ne lâchant pas la jeune femme de son sourire brillant : " Vous avez une bien belle villa. "

Dans le hall d'entrée, Mirage parcoure le décor du regard avant de déposer ses yeux vers l'entrée. Enrico comprends aussitôt qu'il doit entrer et arrêter de se pavaner comme un oiseau multicolore. C'est d'ailleurs ce qu'il fait bien rapidement tout en continuant de raconter des banalités à la jeune femme en bikini. Mirage laisse quelques secondes s'envoler et elle ne tarde pas à poser sa première question. Avant tout, elle désire expliquer pourquoi elle se trouve ici. Jouer cartes sur table peut-être une très bonne chose lorsque l'on est en face du coupable. À défaut de savoir si Vera est la tueuse, elle aura une petite idée de la conduite future à adopter face à cette dernière.

" Madame Makepeace, nous sommes à la recherche d'une jeune femme rousse dans le cadre d'une enquête. " Ajoute la belle latina avant de poser sa première question : " Connaissez-vous la boîte de nuit l'Oasis ? Y-êtes vous allez récemment ? "

Enrico ne quitte que peu des yeux la jeune femme et Mirage cache son exaspération. Il peut bien regarder qui il veut mais tout de même lorsque l'on travaille, ça ne se fait pas. Puis quand on est une femme, avoir le regard pressant d'un homme sur notre personne sans avoir rien demandé, ça peut vite devenir très, très, très lourd et désagréable. Malgré tout, Mirage ne dit rien et attends patiemment une réponse de Vera. Si la conduite de son collègue dérange Vera, elle est dans son bon droit si elle souhaite le remettre à sa place.

La jolie rousse s'efface pour laisser entrer l'agent De Fuentes alors que son collègue reste sur le pas de la porte à regarder la maitresse de maison. Le regard insistant de l'agent Martinez sur sa silhouette commence à taper sur le système de Vera et le compliment de l'agent du FBI ne suffit pas à la calmer. A la première question de l'agent De Fuentes, elle sent le stress monter en elle mais arrive à ne rien laisser paraitre. Après des années à arpenter le trottoir et à sourire à des hommes qu'elle assimile à des porcs, elle arrive sans mal à garder le sourire en toute situation.

- L'Oasis...

Elle fait semblant de réfléchir et termine sa réponse après un dernier regard exaspéré à l'agent Martinez qui ne la quitte pas des yeux.

- Je vous demande un instant, juste le temps d'aller passer quelque chose.

S'éclipsant pour aller enfiler un peignoir en soie, elle hésite à céder à la panique et à partir mais fuir serait un aveu de culpabilité et Warren risquerait trop. Savoir que le FBI enquête sur ses meurtres la mène au bord de la panique et elle prend conscience de tout ce que ça pourrait entrainer pour son mari. Elle sait très bien qu'elle va devoir arrêter de tuer si elle veut pouvoir continuer sa vie avec son époux. Au bord de la piscine, elle enfile son peignoir en soie crème et revient avec un sourire de circonstance tout en nouant sa ceinture autour de ses hanches ravissantes. C'est à l'agent De Fuentes qu'elle s'adresse poliment, préférant ignorer son collègue masculin qui ne la quitte pas des yeux.

-  Je connais l'Oasis mais je ne saurais pas vous dire quand j'y suis allé la dernière fois. J'ai du y aller deux ou trois fois lorsque mon mari était en déplacement pour occuper ma soirée.

La jeune rousse sait très bien de quand date sa dernière sortie à l'Oasis et espère qu'elle n'as pas trop laissé de traces lors de ces autres meurtres. Arrêter de tuer ou prendre plus de précautions ? Elle hésite mais il va falloir qu'elle fasse quelque chose. A continuer comme ça, elle va continuer à donner de la matière au FBI pour leur enquête et finir derrière les barreaux est la dernière chose qu'elle souhaite.

Lorsque Vera s'éloigne et disparait quelques instants. Mirage glisse son regard dans la direction de son collègue, les sourcils froncés elle cherche à lui faire comprendre que tout ça est dérangeant. Enrico ne semble pas voir le problème car c'est d'un air interloqué qu'il hausse les épaules, portant également les paumes de ses mains vers le ciel. C'est à se demander ce qu'ils ont dans la tête parfois. C'est vrai quoi, tu ne rends pas compte mec que t'es juste complètement lourd là ? Non, non, il ne voit pas le problème, c'est tout à fait normal ! Une femme est en bikini et il devient subitement tout à fait normal de ne plus la quitter des yeux comme un âne ferait avec une carotte. Mirage s'exaspère, peut-être un peu trop d'ailleurs car elle ne remarque donc pas l'emprise de Makepeace sur les hommes. Elle a pourtant la scène sous les yeux mais elle ne se rend pas compte de l'intérêt de cette dernière pour son enquête. Non, la petite latina ne voit qu'une seule chose, à l'instar de son ex, les mecs sont donc tous des chiens en rut. Comme quoi le quotidien et les aléas de la vie ont des répercussions sur tout le monde et cela même sur les analystes expérimentés. Qui sait avec un peu de chance cette étrange scène du chien après son os reviendra dans l'esprit de la profiler du FBI et qui sait, peut-être qu'à ce moment là, l'effet sera différent. En tout cas c'est tout à fait souhaitable car pour le moment, Mirage passe complètement à côté de sa suspecte. Heureusement, cette dernière ne tarde pas à revenir, légèrement vêtue certes mais toujours un petit peu plus que tout à l'heure. La soie qu'elle porte sur les épaules doit facilement valoir 1/4 du salaire de la jolie Mirage. Cependant aucun regard de jalousie dans les yeux de la jeune femme. Mirage a certes de gros défauts comme celui de voir le mal partout mais elle n'est pas une de ces nanas envieuses qui peuplent cette planète. Ainsi, Madame Makepeace répond finalement à la question qui lui a été posé plus de cinq minutes auparavant et si jusque là, rien n’avait éveillé les sens de la profiler, quelque chose fait désormais tic à l'oreille de la belle brune. C'est vrai ça, on dirait qu'en s'éclipsant, Vera s'est donnée un petit peu de temps pour répondre. Est-ce qu'une impression qui hante l'esprit de Mirage ou bien est-ce véritablement le cas ? La belle hésite, longuement, et un curieux petit sourire pique désormais ses lèvres de rose. Elle n'en dit rien, préférant se concentrer sur la réponse évasive de la maitresse des lieux. Oui particulièrement évasive d'ailleurs, surtout lorsque l'on a eu cinq minutes pour y réfléchir.

" Il est donc possible que vous y étiez le mois dernier. " Reprend Mirage sur un ton assez compliqué.

Oui à vrai dire, il est assez difficile de dire s'il s'agit d'une question ou d'une affirmation. C'est en quelque sorte une conclusion assez évasive également mais permettant de jauger la réaction de la femme se trouvant face à elle.

" Nous n'allons pas vous embêter très longtemps. Juste une autre questions et nous vous laissons tranquille pour profiter de cette journée. "

Et bien dis donc même avec le barreau, Enrico arrive à faire des phrases avec des sujets et des compléments, c'est à croire qu'il est plus évolué que le modèle standard. Vous savez le modèle je pense avec ma bite et on verra plus tard ? M'enfin, ne nous éparpillons pas plus que ça. Mirage attends donc que son collège pose une question mais on dirait qu'il est de nouveau sur pause. Oui, c'est donc à elle de continuer son petit interrogatoire. Le sens de la gravité a de nouveau tourné pour l'agent masculin du FBI. Mirage sait pertinemment quel jour Vera était sur place, lui demander si elle y était ne lui apporte aucune nouvelles informations d'un point de vue factuel. Toutefois, elle ramasse des tonnes de petits indices sur cette femme.

" Oui comme le dis mon collègue, on vous laisse dans un instant. " Ajoute Mirage laissant entrevoir à Vera, la fin de cette entrevue.

Quelques secondes s'écoulent, suffisamment pour apposer la dernière pierre à l'édifice.

" Seulement Madame Makepeace, j'ai pu constater que vous possédiez plusieurs véhicules avec votre mari. Vous les conduisez tous ? "

Dernière interrogation, une question relativement importante à défaut que la réponse le soit, Mirage est dans l'attente mais elle parait parfaitement détendue.