Nom du participant : Coddy McQuarters
La journée se termine à l'atelier et avant que tout le monde ne rentre chez soi, je vais voir Enola. Je vais avoir besoin de son aide pour demain car il me faut un deuxième chauffeur pour aller à Atlantic City et je préfère laisser les 66ers à Woodbury Hills. On a au moins 12h de route pour l’aller et pareil au retour, ça va nous bouffer tout le weekend mais ça me servira à voir si la rookie tient le choc. Une façon de plus d'évaluer sa détermination à devenir l'une des nôtres.
- Hey, rookie !
Enola - Ouais.
- J'ai besoin de toi demain pour la route, départ à 6:00 d'ici alors t'as intérêt à dormir ce soir.
Enola - Compris.
Je laisse tout le monde partir et ferme l'atelier avant de rentrer chez moi. Il faut que je voie Rob pour discuter avec lui et je vais en profiter pour ramener son Trailblazer à mon ex-femme ainsi que certaines de ses merdes qui encombrent encore la baraque. Je rentre tranquillement au volant de Mongoose et me gare dans le garage avant de rentrer dans la maison pour rassembler les affaires de CJ et de les charger dans son SUV. Une fois les cartons dans la voiture, je rentre pour bouffer une pizza surgelée et me coucher. Le lendemain matin, mon réveil sonne à 5:00 et me sort d'un sommeil sans rêve. Je me lève rapidement et prends une douche avant de quitter la maison avec le Trailblazer pour rejoindre l'atelier où j'arrive avec un bon quart d'heure d'avance sur le rendez-vous. Enola est déjà là, un bon point de plus pour elle. Je gare le SUV à coté de sa Camaro et descend de voiture après avoir coupé le moteur.
- T'es là depuis longtemps ?
Enola - J'arrive juste.
- T'es en avance.
Enola - Je sais que tu l'es toujours, je voulais pas faire attendre celui qui peut me permettre de devenir une 66er.
- C'est pas fait encore mais je ne te cache pas que ce weekend est un test de plus.
Enola - Je m'en doutais.
- Tu vas conduire le Trailblazer, je vais prendre ma Yenko.
Enola - On va où ?
- Atlantic City.
Enola - Retour aux origines ?
- Il faut que je voie Rob, notre fondateur.
Enola - Pourquoi ce Trailblazer alors ?
- C'est celui de mon ex-femme.
Enola - Ex-femme ?
- C'est compliqué.
Enola - Je comprends mieux pourquoi tu te tripotes régulièrement l'annulaire gauche.
- On peut parler d'autre chose ?
Enola - Comme tu veux.
- On va mettre ta Camaro à l'abri.
Enola - Ca marche.
La Camaro d'Enola trouve refuge dans le troisième bâtiment avant que je ne sorte mon clone de Yenko.
- On prend la route ? On se boira un café sur l'interstate.
Enola - Ca marche.
Je prends la direction du sud en gardant un œil dans le rétro pour ne pas semer Enola qui se traine avec ce foutu Trailblazer SS. Avec sa Camaro, elle tient le rythme d'habitude mais avec ce SUV, elle est à la peine. Une fois sur l'interstate 96, je me cale à un rythme de croisière en me disant que j'aurais mieux fait de prendre ma Corvette avec son régulateur de vitesse mais mon amour pour les caisses anciennes a pris le pas sur la raison. Plutôt que de risquer une prune, j'appelle Enola au téléphone.
Enola - Ouais ?
- Passe devant et cale ton régulateur à la vitesse légale, ça m'évitera de devoir rouler avec le nez sur le compteur.
Enola - Compris.
Je ralentis un peu et la laisse me dépasser avant de me caler sur son rythme. Le soleil se lève enfin et nous en met plein la gueule alors qu'il passe au dessus de l'horizon. Je chausse mes lunettes de soleil et baisse un peu la visière de ma casquette pour tenter de limiter la gêne du soleil tout en suivant toujours ce foutu SUV. Après deux heures de route, on s'arrête enfin pour souffler un peu et boire un café. Enola commence par aller pisser alors que je nous commande deux grands cafés au comptoir. Une fois les cafés vidés et une clope chacun fumée, nous reprenons la route monotone de l'Interstate et mon seul paysage à l'avant est le cul de ce Trailblazer dont je relis encore et encore l'immatriculation. Heureusement que j'ai une bonne sono dans cette caisse, ça m'aide à faire passer le temps car j'ai l'impression de me trainer comme une tortue à cette allure.
Deux heures plus tard, il est temps de s'arrêter à nouveau mais l'impératif cette fois est de donner à bouffer à ma Camaro car le réservoir commence à faire la gueule. Même à cette allure là, je n'ai pas 600 km d'autonomie et je n'ai pas envie de tomber en rade sur l'interstate. Je mets un coup de gaz et double Enola pour la guider sur la prochaine aire de repos. Je vais me garer à coté d'une pompe et rempli mon réservoir tandis qu'Enola se gare devant la station. Le reste du trajet se déroule en étant rythmé par nos arrêts toutes les deux heures pour nourrir aussi bien les pilotes que les véhicules quand le besoin s'en fait sentir.
A 19h, nous arrivons enfin à l'entrée d'Atlantic City et Enola ralentit pour me laisser passer devant et la guider. Je n'ai aucun mal à me repérer et à arriver au QG de la section fondatrice de notre club, mon ancienne section. J'ai passé plusieurs mois ici et j'en garde de bons souvenirs, reste à savoir si mon divorce a impacté mon image ici ou pas. Je me gare devant le QG et laisse Enola se garer de l'autre coté de la rue. En descendant de voiture, je suis accosté par plusieurs 66ers qui m'accueillent chaleureusement.
- Moi aussi ça me fait plaisir de vous r'voir les mecs.
Je fais signe à Enola de me suivre et entre dans l'atelier du QG pour aller voir Rob. Je donne un simple conseil à Enola.
- Tu ne portes pas nos couleurs, ne t'éloignes pas de moi sauf si je te le dis.
Enola - Compris.
Je n'ai pas fait dix mètres dans l'atelier qu'une voix féminine bien connue se met à brailler.
CJ - Coddy McQuarters ! Qu'est ce que tu viens foutre ici ?
- J'te ramène ton Trailblazer et tes affaires.
CJ jette un regard méprisant à Enola qui la surplombe de vingt bons centimètres, surtout avec ses talons, avant de s'adresser à nouveau à moi sur un ton méprisant.
CJ - T'as pas mis longtemps pour te trouver une pouf.
- Il vaudrait mieux que tu fermes ta gueule. C'est bien parce que tu es la fille de Rob que tu n'es pas en train de pourrir six pieds sous terre dans Black Mountain.
Le ton monte entre elle et moi jusqu'à ce qui son père débarque et se mette à brailler plus fort que nous.
Rob - Arrêtez vos conneries ! CJ, tu parles à un leader alors que tu ne fais plus partie du club je te le rappelle.
C'est quoi ce bordel ? Je ne l'avais pas remarqué mais CJ ne porte effectivement pas son cuir du club alors qu'elle porte une veste pour se protéger de la fraicheur.
- Pourquoi tu n'as plus ta veste ?
CJ - Demande à ton leader.
Elle tourne les talons sans me laisser le temps de répliquer alors que Rob me rejoint.
Rob - Putain, tu m'aides pas à gueuler avec ma fille.
- Excuse-moi. Pourquoi elle n'a plus sa veste ?
Rob - Tu connais le tarif pour avoir trahi un membre ou le club ?
- Oui, l'exclusion.
Rob - Je la tolère ici parce que c'est ma fille mais elle ne portera plus nos couleurs. On a besoin de pouvoir avoir confiance les uns dans les autres mais un coup pareil est à l'opposé de ce que je veux. C'est moi qui l'ai exclue.
- Atlantic City est ta section, je n'ai rien à en dire.
Rob - Encore heureux mais tu aurais pu éviter de ramener ta gonzesse.
- Tu n'y es pas. Elle est rookie chez nous et je préfère laisser les 66ers à Woodbury en cas de merdier. Elle bosse à l'atelier, électronique et informatique.
Rob - Je préfère ça. Rookie, à ta place je resterais loin de ma fille.
Enola - Je compte bien le faire.
Rob - Bien. Va voir les gars pour savoir s'ils n'ont pas besoin d'aide, il faut que je cause avec Coddy.
Elle acquiesce d'un signe de tête et se dirige vers les caisses en cours de travail en enlevant sa veste pendant que Rob m'emmène dans son bureau. Il me fait signe de m'asseoir et me propose un café que j'accepte avec plaisir.
Rob - Je vois que tu trouves à recruter. Bien roulée la nouvelle.
- C'est surtout ses talents pour l'électronique qui m'intéressent. Elle est capable de mieux faire qu'Harry pour une cartographie moteur.
Rob - Chapeau.
- Et puis j'ai franchement pas la tête à me recaser avec ce putain de divorce en cours. Je pensais améliorer un peu la situation en lui ramenant ses affaires mais visiblement elle se comporte comme si c'était moi qui l’avais trompée.
Rob - Elle est têtue et elle n'aime pas avoir tort, alors elle est agressive.
Je lui fait ensuite un rapport complet sur la situation à Woodbury Hills, allant jusqu'à parler de l'alliance avec les Dragons de Jade. Le sujet est bien trop important pour que j’en discute avec lui au téléphone. Rob n'est pas chaud pour qu'on s'allie avec eux mais vu qu'ils ne courent pas et qu'ils cherchent à dégager notre ennemi...
Rob - Tiens tes amis près de toi, tes ennemis encore davantage. C'est ça ?
- Je vois plus ça comme l'ennemi de mon ennemi est mon ami.
Rob - Si ça peut vous permettre de mettre les Rising Suns sous pression sur deux fronts, c'est pas bête. J'ai eu raison de te confier à nouveau une section.
- Merci.
Je passe une bonne partie de la soirée dans son bureau à discuter puis je récupère Enola pour aller au Mother Road Motel, tenu par un des plus anciens membre des 66ers. Je me gare sur le parking et descend de voiture avec Enola pour aller à l'accueil. C'est le vieux Bobby qui est assis derrière à lire le dernier numéro de Popular Hot Rodding.
- Salut vieille canaille !
L'ancien lève la tête et me reconnais sans mal avant de sourire de toutes ses dents tachées de nicotine.
Bobby - Hey, Coddy ! Comment va ?
- Bien et toi ?
Bobby - Comme un vieux. T'faut une piaule ?
- Non, deux, s'il te plait.
Bobby - C'est pas ta copine ?
- Rookie à Woodbury.
Bobby - Tu voudras peut-être passer la nuit avec moi ma jolie ?
Enola - Heu...
Enola n'est pas rassurée et ne sait pas trop comment réagir. Devant son air contrit, j'éclate de rire en même temps que l'ancien. Une fois l'éclat de rire calmé, Bobby la rassure.
Bobby - T'en fais pas rookie. Ma bourgeoise ne s'rait pas d'accord de toute façon et elle m'fait des trucs qui te feraient rougir. J'vous donne deux piaules.
- Merci.
Enola - On vous doit combien ?
Bobby - Rien, les 66ers sont logés gratuitement ici tant que ça ne dure pas trop.
Enola - Merci beaucoup alors.
Il se retourne et attrape deux clés avant de me les lancer coup sur coup. J'attrape les deux clés.
Bobby - 33 et 34, au rez-de-chaussée de l'autre coté. Tu veux mettre ta caisse à l'abri ? Une Yenko ça s’laisse pas dans la rue.
- C'est un clone, et personne n'irait toucher une caisse avec le logo des 66ers dessus par ici. C'est pas utile.
Bobby - Comme tu veux. Bonne nuit.
- Toi aussi.
Enola - Bonne nuit.
Je donne sa clé à Enola et récupère mon sac dans le coffre avant de donner le sien à notre rookie puis je me rends directement à la chambre. Le motel reste fidèle à lui-même, propre mais qui mériterait un bon rafraichissement. Je me fous en caleçon et t-shirt puis me glisse sous le drap alors qu’Enola frappe à la porte de séparation entre nos deux piaules. Je me lève et vais ouvrir la porte de mon coté.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
Enola – J’ai pas osé te poser la question tout à l’heure mais ta femme
- Ex-femme.
Enola – Pardon. Je dois m’en méfier ?
- Ici, garde un œil sur elle, à Woodbury elle n’y remettra probablement plus les pieds.
Enola – OK, je t’embête pas plus.
- Bonne nuit.
Sans lui laisser le temps de répondre, je referme la porte et verrouille avant de retourner me coucher. Si elle avait déjà son cuir, j’aurais poussé un peu la conversation mais c’est aussi une façon de lui faire comprendre qu’elle n’est que Rookie et qu’elle doit rester à sa place. Une fois allongé, je ne tarde pas à m’endormir et ce n’est que lorsque mon téléphone sonne dimanche matin que j’ouvre les yeux. Avant d’aller à la douche, je tape à la porte de séparation jusqu’à avoir une réponse d’Enola.
Enola – Ouais !
- Debout ! Je te retrouve à l’accueil dans vingt minutes.
Je vais me doucher et m’habille avant de ranger mes affaires et d’aller rendre les clés à Bobby. Je suis en train de tailler une bavette avec lui alors qu’Enola arrive avec son sac à la main et pose la clé de sa chambre sur le comptoir. Je salue l’ancien une dernière fois et entraine la rookie jusqu’à mon clone de Yenko. Une fois les deux sacs dans le coffre, je prends le volant en direction du nord. A la sortie d’Atlantic City, Enola cherche à me questionner sur ma relation avec CJ. J’élude la question avec une pirouette car je n’ai pas envie de parler de ça maintenant.
- Tu devrais essayer de te reposer un peu parce que c’est toi qui va prendre le volant quand on s’arrêtera pour faire le plein.
Enola – Tu va me laisser conduire ta caisse ?
- Je préfère ça à me faire 12 h de conduite de plus.
Enola – Ca marche.
Enola se cale dans le siège et ferme les yeux. Je la vois brasser un peu de temps en temps ou laisser trainer son regard à l’extérieur mais elle me fout une paix royale pendant trois heures jusqu’à ce que je décide de m’arrêter. Il faut que je me déplié, je n’ai plus 20 ans et j’ai plus de mal à résister aux longs trajets au volant. Après un café et un remplissage du réservoir qui pouvait attendre un peu, je laisse le volant à Enola et me cale dans le siège pour tenter de me reposer. Je fini par sombrer un peu et me réveille sans savoir depuis combien de temps j’ai dormi. Après un coup d’œil à ma montre, je me rends compte que j’ai roupillé pendant une petite heure. Je me redresse sur le siège et m’étire.
Enola – Ca va mieux ?
- Ouais, ça fait du bien.
Enola – Sympa ta caisse. Juste un peu bruyante pour rouler longtemps.
- Je sais, j’aurais du prendre ma Corvette.
Enola – La C6 noire est à toi aussi ?
- Ouais.
Enola – Elle est belle mais je préfère tes Camaro.
- C’est pas le même style.
Enola – Je m’en ferais bien une plus tard.
- Si tu deviens une 66er, t’aura notre aide.
Enola – Je m’en doute. Tu pourrais m’apprendre à piloter ?
- Hein ?
Enola – J’ai envie d’essayer mais je sais que je ne pourrais pas apprendre seule.
- On verra ça quand tu porteras un cuir.
Enola – Ca veut dire que je suis sur la bonne route ?
- Tu pars bien mais rien n’est fait.
Elle acquiesce d’un signe de tête et se reconcentre sur sa conduite, me laissant seul avec mes pensées. Aux deux tiers du trajet, je reprends le volant et termine le voyage avec la nuit tombante alors que je passe le panneau de Woodbury Hills. Je passe par l’atelier pour qu’Enola récupère sa Camaro puis rentre chez moi. Il va falloir que je passe voir maitre Anderson, le divorce sera peut-être encore plus compliqué que je m’y attendais.
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